Communication

Être parent n’est pas un concours de popularité.

Par Guillaume Lanctôt-Bédard, le 9 juillet, 2021

Mausus qu’on aime ça quand tout se fait dans l’harmonie et que les ententes familiales sont respectées par nos enfants. Il y a comme quelque chose en nous (les parents) qui rêve d’une relation parfaite avec notre enfant. Vous savez !? Le type de relation hyper mature où on prend le temps de s’entendre sur ce qui a du sens, sur ce qui est raisonnable, sur qui est responsable de quoi et puis qu’après ça, tout baigne dans l’huile. Un simple petit rappel de temps à autre : « enfant de mon cœur, souviens-toi de nos ententes, on a convenu d’un maximum de deux heures de réseaux sociaux par jour la semaine » et lui de répondre : « ah oui papa, c’est vrai, zut j’avais pas vu l’heure passer, je ferme tout immédiatement ». Et voilà, la vie paisible reprend son cours et l’enfant se trouve une autre activité épanouissante. Si cet échange ressemble à ce que vous vivez avec tous vos enfants, cet essai ne vous concerne pas.

Si, par contre, ce que vous vivez est très différent, vous avez probablement des moments de haute tension à la maison et peut-être alternez-vous entre laisser-faire (oui, ce fameux « lâcher-prise » si souvent mal interprété et mal appliqué selon moi) et péter une coche à votre enfant parce que vous n’en pouvez plus. N’en pouvez plus des mêmes maudites conversations qui se répètent, n’en pouvez plus de voir votre enfant passer une aussi grande partie de sa vie devant son cell et son laptop à « chatter » sur les réseaux sociaux et à jouer à des jeux qui vous semblent plus insignifiants les uns que les autres, n’en pouvez plus d’avoir à dépenser plus d’énergie à « convaincre » votre enfant de contribuer dans la maison alors que ça vous prendrait moins d’énergie de tout faire vous-même. Comment faire pour mettre un cadre soutenant pour l’épanouissement de l’enfant et qui permette de vivre de la collaboration en famille tout en demeurant bienveillant.e?

Il s’agit d’apprivoiser la tension.
La sentez-vous la tension?
Cette tension dans laquelle on sent que le doux filon de connexion harmonieuse avec notre enfant est sur le point de rompre; l’instant où on est sur le point de passer d’être l’ami.e de notre enfant à devenir son ennemi.e. Ce moment où on sent que le courant d’amour qui nous unit habituellement va prendre une débarque.
Sentez-vous votre poitrine se serrer, votre mâchoire se raidir, votre souffle devenir plus court et vos sourcils qui commencent à froncer?
« Bon… je sens qu’on va passer un mauvais quart d’heure. » « Mais je ne veux pas lui faire de la peine » « Moi et mon enfant on est des ami.es! Je ne veux pas gâcher ça! » « Je suis tellement attaché.e à ce que mon enfant me trouve cool »

C’est précisément là que je veux me rappeler qu’être parent, ce n’est pas un concours de popularité; il y a des moments où nous avons à poser des limites, il y a des moments où nous allons prendre une décision pour le bien de tous mais qui ne plaira pas à notre enfant. À cet instant, on peut se retrouver dans un faux dilemme entre deux choix : soit j’abdique, je laisser aller, j’achète la paix, soit je me fâche, je gueule et je m’impose par le chantage et la menace. Aucune de ces deux options ne m’enchante. Dans les deux cas je perds.

Et vous savez quoi? Votre enfant ressent tout ça très clairement. Les humains sont ainsi conçus; parfaitement capable de ressentir la tension chez les autres autour. Et tant que votre enfant perçoit que mettre vos limites et imposer votre cadre vous est pénible, il va jouer avec vous dans cette zone extrêmement précaire et vulnérable par le chantage affectif puisque vous en êtes dépendant.es.

Il importe donc d’apprivoiser l’inconfort, faire la paix avec le fait qu’à l’occasion notre enfant sera fâché contre nous, qu’il sera déçu, qu’il va rouspéter, claquer une porte, peut-être même couper le canal d’amour avec vous pour un temps. C’est parfaitement normal. C’est là que nous avons à nous brancher sur l’empathie. Mur à mur. Empathie pour moi-même, empathie pour mon enfant. Me rappeler que mon enfant a le droit à ses humeurs, être enfant c’est souvent frustrant, on aimerait plus d’autonomie, plus de liberté, plus de compréhension. Me rappeler qu’être parent c’est souvent ingrat! Tout ce qu’on fait pour eux, par amour et par engagement, ils ne s’en rendent pratiquement pas compte, ce n’est jamais suffisant et très rarement reconnu.

Dans quelques profondes respirations, sortir de notre tête en plongeant dans notre corps pour y remarquer les tensions, accueillir notre stress, respirer encore, contacter nos besoins …. harmonie, fluidité, respect, collaboration, honorer nos ententes, confiance, paix d’esprit… et d’autres peut-être. Visualiser la scène qui s’en vient à l’idée de déplaire à notre enfant et se préparer à l’accueillir lui aussi avec la même empathie.

Sentez-vous la détente? Remarquez-vous comment l’intervention que vous vous apprêtez à faire vous semble soudainement plus légitime? Une fois ancré.es dans notre intention de prendre soin, de soi, et de son enfant, nous ne sommes plus stressé.es ni tendu.es, nous devenons fermes et bienveillant.es. Le fait d’être branché.es sur l’empathie et sur le sens de notre choix, on devient inébranlable et la porte pour le jeu de pouvoir par le chantage affectif se referme, on ne joue plus à ce jeu, on joue notre rôle de parent dans la justesse et la bienveillance.

— Guillaume Lanctôt-Bédard
Formateur du Programme de Parentalité Consciente et Bienveillante

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